L'ESTAQUE LE VILLAGE A L'EXTRÊME NORD DE MARSEILLE.

 
 
 
Une commune à part entière à l'extrémité nord de la cité phocéenne, l'Estaque garde ainsi ses distances.
Les lumières de la grande ville scintillent à l'horizon, de l'autre côté du golfe, et c'est bien suffisant.
À vrai dire, cet ancien port de pêche abrité des vents par la chaîne de la Nerthe n'a pas trop à se plaindre de son sort. L'Estaque appartient à la grande famille des sites mythiques.
Cette liguée de paysages princiers dont le nom évoque à lui seul le mariage des lumières du ciel et
les splendeurs de la terre.
Et ces peintres de renom qui n'en finiront pas de jurer, sur leur toile, leur amour du pays. Cézanne, Braque, Derain, Dufy, Friesz, Renoir, et tant d'autres qui feront de cette bourgade le foyer le plus convoité de la peinture moderne.
Plus que le regard des artistes, ce sont les enchevêtrements de volumes et l'increvable géométrie des lieux qui vous révéleront le charme unique de l'Estaque.
Une mer plate à l'infini, des cheminées dressées comme des mats, des viaducs comme des arcs de triomphe, un vieux bourg aux ruelles emmêlées, le tout éclaboussé d'ocres, de rouges, de bleus et de verts.
Et toujours, dans les pas du visiteur, cette sensation de pénétrer un lieu profondément populaire.
 
PÉCHEURS ET TUILERIES

 Pendant des siècles, l'Estaque fut le domaine des pêcheurs et des ouvriers.

Il était un temps où près de 30 bateaux partaient d'ici cueillir dans les fonds langoustines, coquillages, thons et surtout les fameuses sardines, poissons sacrés aux yeux de tous les Estaquéens.

Les usines de l'Estaque exportaient leurs tuiles aux quatre coins du monde.
 
De l'Argentine à la baie d'Along du Mexique à la Chine, des milliers de toits portent encore de nos jours la même marque de fabrique.
Aujourd'hui le port est devenu celui de la plaisance, le cours ombragé de platanes, le rendez-vous des touristes et le parler provençal se fait aussi rare que le mistral dans les rues de Paris.
L'Estaque conserve toutefois toute son authenticité. Et toute sa force de caractère.
Quoi qu'on en dise, il y a vraiment du sang marseillais dans les veines de ce village.
 
 
Chris de Velde.